Résolu,

Nous, le Peuple québécois,

Déclarons que le Québec doit devenir et deviendra un pays…

  1. Parce que le Québec constitue sans conteste une nation à part entière, soit une entité sociale et politique composée de gens d'origines diverses, définie par son histoire, sa langue, son territoire, ses institutions, ses traditions, son économie, ses lois, ses valeurs, son sentiment d'appartenance, son système d'éducation, sa culture, sa littérature, sa musique, son cinéma, son architecture, ses structures politiques, son rapport au monde, ses ancêtres, ses liens sociaux, son attachement au territoire, sa cuisine, son humour, ses références, ses symboles, ses contes, ses croyances, ses gestes, ses rêves, ses défis, ses victoires, ses grands personnages, sa volonté de vivre ensemble et la conscience de son unité;

  2. Parce que près de 200 nations comparables au Québec sont souveraines et que personne ne remet cela en question, leur existence allant de soi;

  3. Parce que la souveraineté nationale, synonyme de liberté et de responsabilité, est la chose la plus précieuse qu'un pays puisse avoir;

  4. Parce que selon le droit international, « tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes »;

  5. Parce que c'est une aspiration légitime caressée depuis plus de 250 ans;

  6. Parce que les États-Unis ont réclamé et obtenu leur indépendance par rapport à l'Angleterre, parce que le Canada a réclamé et obtenu son indépendance par rapport à l'Angleterre et parce que, selon la même logique, le Québec, une des rares nations d'Amérique à ne pas avoir acquis sa complète souveraineté, a le droit de réclamer et d'obtenir son indépendance par rapport au Canada;

  7. Parce que le patriotisme canadien, qui existe, ne saurait être l'antidote au patriotisme québécois, qui serait soi-disant synonyme de fermeture. Le fédéralisme n'a pas le monopole de l'ouverture. Pour être ouvert sur le monde, il faut se connaître soi-même et s'assumer;

  8. Parce que ce n'est pas contre le Canada, c'est pour nous. Se bâtir une maison pour vivre en bons termes avec son voisin, ce n'est pas être querelleur, c'est se prendre en main;

  9. Parce que ce n'est pas à contre-courant de l'histoire contemporaine, puisque, depuis 1945, nous avons assisté à la naissance de plus de 140 nouveaux pays, dont 30 depuis 1990;

  10. Pour assurer la survie et le rayonnement du français au Québec et dans le monde. Vivre et travailler en français est plus qu'un droit, c'est un devoir. La langue n'est pas simplement un moyen de communication, c'est le pilier d'un peuple, l'un des plus importants éléments d'un univers culturel;

  11. Pour devenir le seul pays francophone de toute l'Amérique continentale et le plus vaste pays du monde dont la langue officielle est le français;

  12. Parce que la langue française est l'une des dix langues les plus importantes dans le monde selon tous les indicateurs;

  13. Parce que nous avons la chance de parler une langue belle, riche, puissante, historique, romantique, intelligente et internationale;

  14. Pour que notre loi sur la langue soit respectée et ait préséance sur celle du fédéral, notamment dans les sociétés de la Couronne et dans les entreprises à charte fédérale (poste, banques, aéroports, télécommunications, etc.);

  15. Pour que Montréal ne s'anglicise plus et demeure la seule métropole de langue française des Amériques, alors qu'on y trouve pas moins de 40 agglomérations de langue anglaise de plus de deux millions d'habitants, 30 de langue espagnole et 13 de langue portugaise;

  16. Pour nous sentir moins menacés d'assimilation ou de disparition, comme les francophones du Manitoba, de l'Acadie, de la Louisiane, de Détroit, etc.

  17. Parce que « le bilinguisme collectif est une incorporation, une véritable appropriation, comme une première étape avant l'élimination de la langue dominée » (Pascale Casanova);

  18. Parce que nous refusons de disparaître, parce que « rien n'est jamais définitivement perdu dans la vie des peuples, si leurs dirigeants ne s'abandonnent pas aux fausses fatalités de l'histoire » (Charles de Gaulle);

  19. Pour défendre notre identité dans un contexte de mondialisation qui uniformise les cultures. La reconnaissance d'une nation est donc en adéquation avec la défense de la diversité;

  20. Pour que les Québécois et Québécoises de tous horizons développent un plus fort sentiment d'appartenance ainsi qu'un plus grand respect et plus grande fierté à l'égard de leur propre langue et de leur culture;

  21. Parce qu'on n'a de cesse de nous reléguer à un nationalisme ethnique, alors que nous formons une nation constituée de gens de toutes origines;

  22. Parce que c'est grâce au patriotisme que nous avons pu survivre et nous développer, notre histoire n'étant pas une longue suite de générosités britanniques à notre égard;

  23. Parce que les partisans du fédéralisme n'arrivent pas à défendre le Québec à Ottawa, poussés qu'ils sont à le sacrifier sur l'autel du fédéralisme;

  24. Pour avoir tous les pouvoirs en matière d'immigration et pour que les partisans du fédéralisme cessent de prendre les immigrants en otage sur le plan affectif et symbolique et de les utiliser à des fins électoralistes pour noyer le projet politique du Québec de former nation et pays;

  25. Pour que les immigrants sachent qu'ils s'établissent dans un pays francophone, ce n'est pas normal que les immigrants du Québec choisissent à 75 % le français pour s'intégrer, alors qu'ils choisissent à 98 % l'anglais en Ontario;

  26. Parce que le Québec est solide, prospère et accueillant, attirant ainsi des milliers de gens de partout dans le monde;

  27. Pour rapatrier tous les leviers de pouvoir qui relèvent actuellement du fédéral : les frontières, les forces armées, l'immigration, le droit criminel, les pénitenciers, la réglementation générale du commerce, les banques, l'assurance-emploi, les droits autochtones, les taxes et impôts fédéraux, les affaires étrangères, les parcs, les télécommunications, les pêcheries, les ponts, le transport fluvial et le contrôle du Saint-Laurent;

  28. Pour prendre toutes nos décisions selon nos besoins, nos intérêts et nos valeurs;

  29. Pour que le Québec n'interfère plus dans le modèle canadien et que le Canada n'entrave plus le nôtre, d'emblée plus social-démocrate et interculturel que multiculturel;

  30. Parce que le Canada n'est pas en mesure d'accepter les cinq demandes traditionnelles minimales du Québec pour réintégrer le giron canadien « dans l'honneur et l'enthousiasme » (Brian Mulroney);

  31. Pour que le Canada anglais, le gouvernement fédéral et la Cour suprême du Canada cessent de remettre nos lois démocratiques en question (p. ex. loi 99, loi 101, loi 21, loi 96);

  32. Pour échapper une fois pour toutes aux manipulations du fédéral (accords du lac Meech et de Charlottetown, scandale des commandites, loi sur la clarté, love-in et irrégularités lors du Référendum de 1995, etc.);

  33. Pour en finir avec la « moyenne canadienne » et la « nécessité » de s'y ajuster, sachant que les réalités ne sont pas les mêmes;

  34. Parce que notre poids démographique diminue dans la fédération canadienne, et que, comme la représentation politique y est établie en fonction de la population (Rep by Pop), notre influence au sein du Canada diminue considérablement;

  35. Parce que les 24 sénateurs nous représentant à Ottawa sont nommés par le fédéral sans notre accord;

  36. Pour pouvoir nommer nous-mêmes les juges de la Cour supérieure du Québec, actuellement une prérogative du fédéral;

  37. Pour s'épargner les querelles juridiques interminables entre les deux paliers de gouvernement;

  38. Parce que nous avons réussi à accomplir de grandes réalisations dans un régime contraignant et que nous pourrions en accomplir de plus grandes si nous avions tous les leviers de pouvoir;

  39. Pour simplifier l'appareil étatique et ainsi économiser sur les coûts du dédoublement des services gouvernementaux (transports, ressources naturelles, santé, communications, fiscalité, affaires étrangères, etc.) et ainsi mettre fin au déficit de rationalité administrative;

  40. Parce qu'un pays plus petit est plus facile à gérer et les citoyens peuvent plus aisément y faire entendre leur voix;

  41. Parce que c'est grâce à nos efforts et à notre résilience que nous avons traversé les siècles, et que, pendant la Révolution tranquille, nous avons réussi à nous prendre en main et à nous affirmer politiquement, culturellement et économiquement, et ce, malgré les tentatives de sabotage (p. ex. par Trudeau père);

  42. Pour mettre fin au monarchisme et pour ne plus être obligé de faire un serment d'allégeance à la Couronne britannique;

  43. Pour que le gouverneur général et le lieutenant-gouverneur cessent d'inaugurer des chrysanthèmes à des frais exorbitants.

  44. Parce que le Québec ne fait pas partie de la Constitution canadienne depuis la nuit des Longs Couteaux de 1981;

  45. Pour ne plus avoir à faire un autre mauvais compromis constitutionnel (Acte constitutionnel de 1791, Acte d'union de 1840, Constitution de 1867, Constitution de 1982);

  46. Pour former une assemblée constituante et ainsi rédiger la Constitution du Québec;

  47. Pour abolir le système fédéral des réserves amérindiennes et la loi sur les Indiens en vigueur depuis le 19e siècle;

  48. Pour établir avec les Premières Nations des relations égalitaires fondées sur la coopération;

  49. Parce qu'il n'y a « jamais eu de pays constitué avec la participation des Autochtones. La souveraineté du Québec pourrait en être l'occasion » (Roméo Saganash);

  50. Parce que le Québec serait un pays riche, il se placerait au 27e rang en ce qui a trait au PIB par habitant, au côté de l'Autriche (23e), de la France (28e), du Japon (30e), du Royaume-Uni (29e) et de la Nouvelle-Zélande (33e);

  51. Parce que plusieurs rapports solides, en plus de démontrer la viabilité économique d'un Québec souverain, en démontrent les avantages (le Rapport Bélanger-Campeau, le rapport de Marcel Leblanc et l'étude de Maxime Duchesne dans « Les finances d'un Québec indépendant »);

  52. Parce que nous serons plus prospères et que, même si nous en sortons gagnants en matière économique, c'est beaucoup plus qu'une question monétaire;

  53. Pour cesser de devoir nous battre sans arrêt pour récupérer l'argent envoyé à Ottawa (p. ex. financement des universités, prestations d'assurance-chômage, financement en santé et des résidences pour aînés, subvention canadienne pour l'emploi, etc.);

  54. Parce que le gouvernement fédéral accorde de manière disproportionnée des contrats aux chantiers maritimes de Nouvelle-Écosse et de Colombie-Britannique au détriment de ceux du Québec;

  55. Pour que nos impôts ne servent plus à subventionner des industries telles que les sables bitumineux de l'Alberta, l'industrie automobile de l'Ontario ou encore l'hydroélectricité de Terre-Neuve, alors que nous avons financé nous-mêmes notre réseau d'hydroélectricité;

  56. Pour que les Canadiens anglais cessent de nous reprocher de toucher indûment l'argent de la péréquation et leur presse de se complaire à casser systématiquement du sucre sur notre dos;

  57. Pour cesser de nous entendre dire que nous sommes incapables de gérer nos affaires;

  58. Parce qu'on respecte une personne qui se tient debout, se respecte et s'assume;

  59. Pour que la culture québécoise soit un moteur économique et social encore plus fécond et pour que la force économique et entrepreneuriale du Québec soit renforcée, tant à l'échelle nationale qu'internationale;

  60. Pour être un pays vert et faire figure de leader à l'international en matière environnementale;

  61. Parce que nous sommes à l'avant-garde dans de multiples domaines et que nous n'avons rien à envier à qui que ce soit : l'aérospatiale, les biotechnologies, l'industrie pharmaceutique, l'industrie culturelle, les technologies de l'information, l'industrie du jeu vidéo, etc.;

  62. Parce qu'il faut que cessent « les tendances à la centralisation, à l'uniformisation, les effets structurels délétères sur le développement économique du Québec, les conflits de juridiction qui nuisent à l'efficacité de la gestion du bien public, les abus du pouvoir de dépenser, les réductions des paiements de transfert, les iniquités dans les subventions » (Denis Monière);

  63. Parce que tout ne va pas mal au Québec : nous avons en Amérique du Nord le plus bas taux de criminalité, les meilleurs élèves en mathématiques, le meilleur pouvoir d'achat moyen, une culture forte et enviée, un secteur industriel développé, une énergie renouvelable, des matières premières en abondance, l'un des plus grands ports intérieurs au monde, la province ayant les meilleures relations commerciales avec l'est des États-Unis, etc.;

  64. Parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même;

  65. Pour devenir le 194e État membre de l'Organisation des Nations Unies et avoir des relations diplomatiques avec les autres pays sans la tutelle d'Ottawa;

  66. Pour pouvoir signer les différents traités internationaux au nom des intérêts du Québec;

  67. Pour que le Québec puisse négocier des accords de libre-échange plus adaptés à son économie, à ses citoyens, à son environnement et à sa culture;

  68. Pour que nos athlètes puissent représenter fièrement le Québec lors des différentes compétitions sportives internationales, dont les Jeux olympiques;

  69. Pour stimuler la curiosité, la recherche universitaire et l'intérêt international à l'égard du Québec;

  70. Parce que nous avons subi assez de défaites dans notre histoire (la Conquête, les Rébellions de 1837 et 1838, les référendums, etc.) et qu'il nous faut maintenant nous prouver à nous-mêmes nos capacités et notre valeur;

  71. Parce que c'est indispensable pour s'émanciper complètement sur les plans symbolique, émotionnel et psychologique;

  72. Parce que c'est le seul moyen de redonner la fierté aux Québécois et Québécoises et retrouver leur complète dignité;

  73. Pour témoigner notre respect pour tous les ancêtres, bâtisseurs du Québec, et pour tous ceux qui se sont battus pour le protéger et le libérer;

  74. Parce que nous avons survécu contre vents et marées grâce à un courage et une résilience sans nom et que nous sommes des bâtisseurs d'Amérique créatifs, laborieux et ingénieux;

  75. Parce que nous ne voulons plus jamais être les factotums de l'Amérique;

  76. Parce que c'est un projet qui transcende le clivage entre la gauche et la droite, les deux y trouvant leur compte;

  77. Pour nous réapproprier nos symboles, notre culture, nos personnages historiques, nos artistes, nos intellectuels, notre cuisine, notre musique, etc.;

  78. Parce que c'est un projet responsabilisant, pacifique, stimulant, fédérateur et démocratique;

  79. Parce que si on étudie l'histoire du Québec, on ne peut faire autrement que de pencher pour l'indépendance;

  80. Parce que nous pensons que le Québec a raison de vouloir être un pays et que personne ne peut dire « non » à un peuple qui aspire simplement à sa naissance;

  81. Pour régler ce dossier une fois pour toutes et aller de l'avant parce que « tant que ce n'est pas fait, ce sera à faire » (Gaston Miron);

  82. Parce que « l'adhésion à l'indépendance a été la seule tentative moderne de décomplexer les Québécois et de les déculpabiliser. C'est pourquoi les échecs référendaires demeurent des blessures collectives jamais cicatrisées chez les générations qui ont partagé ce rêve » (Denise Bombardier);

  83. Parce que « l'histoire du Québec a comme colonne vertébrale le projet d'indépendance, de pouvoir s'autogérer […] La raison principale, celle qui a guidé ce projet-là, c'est la culture. Ce n'est pas de dire nous autres, on a une culture différente des autres et on ne veut pas être avec les autres, c'est de dire nous, on a une culture, cette culture-là se développe à peu près sur le territoire du Québec, puis on l'aime parce que c'est la nôtre, parce qu'on n'en a pas d'autre, on l'aime parce qu'elle est en nous, on l'aime parce que c'est nous, parce que si on ne l'aime pas, on ne s'aime pas, puis on meurt » (Catherine Dorion);

  84. Parce que « la question de l'indépendance, c'est celle de la liberté. Liberté de décider soi-même, liberté de se gouverner soi-même, liberté de se projeter dans l'avenir comme on l'entend. Un peuple se gouverne ou il est gouverné. Cela renvoie donc à des considérations beaucoup plus larges que les seules préoccupations concernant l'équilibre des finances, l'organisation des services publics ou toute autre question d'intendance » (Robert Laplante);

  85. Parce qu'« un pays peut faire tout ce qu'une province peut faire, mais l'inverse est faux » (Jean-Martin Aussant);

  86. Parce que « nous ne sommes qu'une poignée; mais nous comptons pour ce que nous sommes et nous avons le droit de vivre » (Henri Bourassa);

  87. Parce que « le plus grand et le plus irrémédiable malheur pour un peuple, c'est d'être conquis » (Alexis de Tocqueville);

  88. Parce que « comme tous ceux qui ont été colonisés depuis leur arrière-arrière-grand-père, on va nous traiter comme des coloniaux. En tout cas, on risque sans cesse d'être traités comme des coloniaux, c'est-à-dire à la fois par la peur, par l'estomac et par le mépris. C'est à peu près les trois choses les plus classiques qui ont servi partout dans le monde à empêcher les gens de se décider quand ils avaient l'occasion de le faire » (René Lévesque);

  89. Parce que « pour dire bienvenue aux autres, il faut d'abord être chez soi » (Gilles Vigneault);

  90. Pour qu'enfin le Québec soit connu et reconnu et puisse rayonner à son plein potentiel;

  91. Pour écrire notre hymne national et ériger notre monument de l'indépendance;

  92. Et pour que chaque citoyen ait la chance, l'honneur et la joie de participer à la fondation d'un pays neuf, libre, beau, légitime et fertile en artistes, en motoneiges et en têtes à Papineau.

Ce Manifeste provient d'une initiative citoyenne.
Nous invitons chaque Québécois et Québécoise à apposer sa signature
afin de témoigner son appui au projet de pays du Québec.

Cliquer ici pour signer le manifeste